mercredi 28 octobre 2009

Le pêcheur est-africain remercie le pirate somalien

Pratiquée jusque dans les eaux territoriales est-africaines par de très nombreux chalutiers provenant de contrées plus au nord et plus à l'est, la pêche sauvage est l'une des causes primaires de la piraterie somalienne. Année après année, cette pratique aussi illégale que déloyale - trop souvent et volontairement omise (à mes yeux) par les médias internationaux – a provoqué une diminution drastique des revenus des pêcheurs de la Corne de l'Afrique (notamment Érythrée, Somalie et Kenya) recourant à des techniques essentiellement artisanales.

Comment résister aux appels du pied de la piraterie lorsqu'on ne fait que 3 euros de prises quotidiennes ? Pour peu qu'on vive dans un État assurant à peine ses fonctions régaliennes, le maniement d'une « kalach » ou d'un RPG s'apprend vite...

Heureusement, « l'afropiraterie » ne s'est guère étendue à toute la Corne de l'Afrique. Toutefois, les loups de mer somaliens ont un immense et très inattendu mérite : ils ont également fait fuir les chalutiers rapaces. Depuis peu, les pêcheurs kenyans redécouvrent des prises quotidiennes de 200 euros ! Nul doute qu'il en soit de même pour leurs homologues érythréens et somaliens.



Plus à l'ouest du continent africain, la Guinée-Bissau ne sait plus quoi faire contre l'incessante pêche sauvage des chalutiers espagnols dans ses eaux territoriales.

D'où mon zeste de sarcasme dans une dose de provocation: y aurait-il sur les rivages guinéens de jeunes pêcheurs aux yeux injectés de sang, passablement irrités, passionnés par les armes légères, connaissant parfaitement la haute mer et prêts à prendre de la graine chez leurs pairs somaliens « juste pour faire semblant » ? L'afropirate serait-il, à tout hasard, l'inespéré et unique allié objectif du pêcheur africain ?

Apparemment, la géopolitique des mers n'a pas fini de nous dévoiler ses multiples profondeurs.


4 commentaires:

Stéphane a dit…

Tout à fait d'accord sur le problème de la piraterie sauvage des navires de pêche industriels complètement évacuée ; dans le cas somalien, où elle a pris de l'ampleur à partir du déclenchement de la guerre civile en 1991, c'est même patent.

A creuser... sujet d'article en vue !

EGEA a dit…

C'est excellent.... merci de cet aperçu. Comme quoi, un peu de piraterie permet de faire régner l'ordre dans la loi de la jungle (puisque nous avons tous compris que la loi de la jungle ne se pratique plus qu'en économie...).
La piraterie, facteur d'ordre... une vraie main invisible...!

Anonyme a dit…

Je voudrais bien publier cet article sur mon blog http://conseilsgratuits.com
Evidemment je mentionnerai l'auteur ainsi que ton blog. Merci pour l'accord.
Jean KAZADI
muazadi@yahoo.fr

Anonyme a dit…

http://conseilsgratuits.wordpress.com