L'entretien
de Jean-François Gayraud (commissaire divisionnaire de la Police
Nationale) et de Jean François Fiorina (Sup de Co Grenoble) avec
Diploweb
vaut largement le clic...
« Le
crime organisé dans sa globalité a dans notre monde moderne une
importance nouvelle. En effet, la fin de la guerre froide lui a donné
une dimension gigantesque, avec un authentique saut qualitatif.
Longtemps, ces organisations criminelles ont joué un rôle marginal
dans la vie des sociétés. Aujourd’hui, elles s’invitent au
coeur du fonctionnement de la plupart des pays. Elles influencent et
transforment mezzo voce, de manière invisible mais puissamment, la
vie politique, économique et sociale des pays. »
« Polycriminelles,
solidement territorialisées, ces grandes organisations, en
particulier les mafias, sont aussi insubmersibles. Leur capacité à
survivre et à s’adapter est impressionnante. Elles peuvent ainsi
passer d’un monde rural à un monde urbain, d’une économie
agraire à une économie industrialisée, d’un régime autoritaire
à un régime démocratique, le tout sans aucun problème majeur.
Elles résistent parfaitement à la répression, voire l’utilisent
pour se renforcer. »
« La bonne grille d’analyse aujourd’hui pour appréhender correctement les phénomènes criminels, ce n’est plus la sociologie, voire la seule criminologie, c’est la géopolitique. Seules la géopolitique et la géoéconomie permettent de saisir les organisations criminelles dans leur logique et leur complexité car elles fournissent trois concepts essentiels : le territoire, la puissance et les flux. Cette géopolitique criminelle est dérangeante pour nos esprits, car elle n’est plus étatique. Les phénomènes criminels ont, malheureusement, un très bel avenir devant eux. »