mercredi 30 septembre 2015

Quand la police maritime devient un service robotisé clés en main

Conçu par Zycraft, le Vigilant est un IUSV (Independent Unmanned Surface Vehicle : véhicule autonome de surface sans pilote) dédié aux missions de surveillance, d'escorte et d'assistance en mer.


Selon James Soon, PDG de la firme singapourienne, l'IUSV ne nécessite guère de vaisseau-mère et opère 30 jours sans ravitaillement du fait de sa cargaison de 5,5 tonnes de carburant - soit 40% de sa masse – alimentant deux moteurs diesel Yanmar (d'une puissance totale de 973 chevaux / 706 Kw). Long de 16 mètres (soit 5 à 7 mètres de plus que les très populaires Zodiac) et large de 3,2 mètres en coupe au maître, le Vigilant peut transporter un équipage de 7 personnes (sur une une surface habitable de 18 mètres carrés) dans un rayon de 1500 miles nautiques à une vitesse de 12-25 nœuds. Ces performances sont essentiellement dues à sa structure en matériaux composites légers à base de nanotubes de carbone. 

Le véhicule est commandé depuis une salle d'opération (à Singapour) ou un autre navire via une liaison Inmarsat ou une connexion internet V-Sat et incorpore un système de désactivation à distance (afin d'éviter le piratage. Chiche !), un système anti-collision, le système de stabilisation gyroscopique Seakeeper, un système radar TARS, un sonar actif/passif (pour la lutte anti sous-marine), des mesures de soutien électronique (ou ESM : Electronic Support Measures), un laser aveuglant (dissuadant les pirates en mer), le système de détection & localisation de tirs B-AMMS (Boat Acoustic Multi-Mission Sensor) adapté à l'environnement maritime, et le système d'identification automatique (SIA) des navires.


Recherche & sauvetage, ravitaillement, aide à la navigation, logistique, recherche océano/hydrographique, lutte anti-piraterie, lutte anti sous-marine et escorte (de force navale ou de navire marchand) figurent dans la « gamme de services » fournis par le Vigilant, également en disponible en version pilotée sous la dénomination Shomari. En effet, Zycraft n'offre ni un produit ni un équipement mais « un service clé en main destiné à ses utilisateurs qui l'exploitent pour des tâches spécifiques sur une période donnée. Nous possédons, exploitons et entretenons le véhicule et ses systèmes. Les clients obtiennent simplement le service dont ils ont besoin, comme ils en ont besoin », ajoute James Soon...

Qui a peut-être esquissé un futur possible de la surveillance maritime, très exigeante en moyens techniques, logistiques et financiers totalement inaccessibles à de nombreux états ayant accès à la mer. Une flotte intelligente d'IUSV – coordonnée avec une flotte d'UAV (Unmanned Aerial Vehicle ou drones aériens) - allégera probablement ce fardeau et facilitera les opérations de police et d'assistance maritimes dans leurs eaux territoriales et ZEE. Entre robotisation, optimisation et externalisation, les garde-côtes et les polices maritimes n'ont qu'à bien se tenir : des emplois seront supprimés et des reconversions seront nécessaires... comme ce fut le cas pour l'aviation de chasse depuis l'émergence fulgurante des drones. 


Question à 100 nœuds : en cas de crise sécuritaire d'ampleur en haute mer ou près des côtes/ports, la surveillance maritime sera-t-elle confiée à des IUSV équipés de tourelles mitrailleuses et contrôlés par des sociétés commerciales ou des sociétés militaires privées ayant le droit d'user de la force létale et de facto remplissant la fonction régalienne de défense exclusivement dévolue à l'Etat ?


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