Dans
les années 1870, l'invention de Graham Bell était un véritable
calvaire : les interférences avec lignes électriques parasitaient
considérablement les communications et les récurrentes fuites
d'acide endommageaient les batteries. Néanmoins, le procédé n'en
était pas moins révolutionnaire : discuter instantanément
avec une personne située à mille lieux était une fascinante
première.
Entre
1880 et 1900, le parc américain de téléphones gagna
considérablement en qualité et passa de quelques milliers à plus
d'un million d'unités. Les plus gros utilisateurs furent les
pharmacies, les commerces et les grandes entreprises qui mirent en
œuvre de solides collaborations à l'échelle nationale et
étendirent drastiquement leurs chalands et leurs circuits
d'approvisionnement.
À
la fin du 19ème siècle, le téléphone était présenté comme un
outil spécialement destiné « aux
savants et aux hommes d'affaires ».
Il n'était guère question d'utiliser ce canal pour des discussions
courantes et bon nombre de détenteurs de téléphones interdisaient
strictement à leurs épouses « d'échanger
leurs fadaises […] hautement
nuisibles pour les affaires », selon
Michele Martin,
professeur à l'université de Carleton (Canada).