
À première vue, on dirait une étrange haltère de gonflette grosse comme une grenade à main, pesant environ un demi-kilogramme, pourvue de longues antennes d'insecte et dotée d'une double motorisation électrique quasi-silencieuse. Officiellement, ce micro-robot n'est guère censé espionner les prisonniers ou patrouiller dans leurs cellules. En cas de bagarre générale entre détenus, le maton projete le ReconScout qui rebondit aussitôt sur le sol, roule automatiquement vers la direction souhaitée puis lâche des gaz lacrymogènes au beau milieu de la rixe. Vous n'êtes pas dans un film de science-fiction, vous êtes dans un pénitencier fédéral en Californie.
Conçu par la firme américaine ReconRobotics, le ReconScout peut être projeté à plus de 10 mètres de hauteur, est livré avec une console de télécommande (joystick et écran) à peine plus volumineuse qu'un PDAphone et une suite logicielle d'enregistrement et analyse vidéo de ses actions sur ordinateur, le tout pour une facture comprise entre 6000 et 9000 dollars. D'autres versions de ce micro-robot sont éjectables par un drone ou par un lance-grenades. ReconRobotics en a vendu plus de 250 unités de par le monde, le California Department of Corrections and Rehabilitation (CDCR) comptant déjà parmi ses plus fidèles clients.
Également équipé de caméras (l'une classique, l'autre infrarouge), le ReconScout permet aux gardiens ou aux policiers d'observer préalablement une situation critique - prise d'otages, menace de suicide, etc - et d'ajuster leur intervention plutôt qu'agir en aveugle. Pour peu qu'il soit surpris et détruit par les détenus ou par les preneurs d'otage, le brigadier-robot aura néanmoins fourni quelques précieuses images (personnes et/ou armes en présence, configuration des locaux) à sa hiérarchie biologique.
A Burnsville dans le Minnesota, une forcenée se barricada avec ses deux enfants puis menaça d'incendier son appartement. Au lieu de s'introduire de force mitraillette à la main, le SWAT projeta un ReconScout par la fenêtre ouverte de la salle de bains. Le drone télécommandé se faufila dans les lieux en échappant peu ou prou à la vigilance des occupants, ne constata aucune présence apparente d'arme à feu, de jerrican ou de liquide inflammable et remarqua le canapé faisant office d'unique barricade. L'usage de la force létale n'étant pas nécéssaire, la brigade d'intervention défonça la porte puis paralysa la trublione avec un pistolet électrique.
Pour Alan Bignall, PDG de ReconRobotics, le ReconScout « ouvre des marchés inespérés » à son entreprise. Traqué par un microcop dans votre domicile, surveillé par un robot-maton derrière les barreaux, réprimé par un drone-grenade lors d'une bagarre... Vous n'échapperez pas aux micro-machines !