samedi 4 décembre 2010

Charles Bwele, prix Marcel Duval 2010

Votre serviteur a obtenu le prix Amiral Marcel Duval 2010, décerné le 1er décembre à l’Ecole Militaire de Paris par la Fondation de France et la Revue de Défense Nationale qui ont particulièrement apprécié mes analyses sur la cybersecurité et le hacking, dans lesquels je suggère « une dissuasion cybernétique en aval basée sur la résilience plutôt que sur la résistance des systèmes d’information critiques ».

Le Pr George Henri-Soutou, Charles Bwele et le Général Bernard Norlain à l'Ecole de Guerre - Paris

J'espère, en toute humilté, avoir ouvert une piste de réflexion dans les domaines de la cybersécurité Je remercie infiniment la Revue Défense Nationale, l'Ecole de Guerre - Paris et la Fondation de France pour cette récompense... ainsi que tous mes amis d'Alliancegeostrategique.org qui m'ont joyeusement encouragé.


samedi 13 novembre 2010

Dix victimes du smartphone

Grâce à ses fonctionnalités de plus en plus élargies, le smartphone devient une technologie sournoisement disruptive : PDA, baladeurs MP3, appareils photo, consoles portables de jeux, récepteurs GPS, télécommandes, ordinateurs fixes (et portables ?), téléphones mobiles classiques et montres au poignet sont sérieusement menacés.


N'oublions pas le réveil, le bloc-notes, l'agenda et la calculatrice qui relèveront bientôt de la préhistoire...


24/7 WallSt : The Ten Businesses The Smartphone Has Destroyed


samedi 16 octobre 2010

Quand l'Homme colonisera Mars

La présence de l'eau sur Mars constitue déjà une sacrée découverte, l'existence d'une vie micro-organique plus ou moins prolifique le serait encore plus. De quoi motiver considérablement et durablement l'Homme - fort de ses ingénieries robotique et biotechnologique - pour une exploration plus en profondeur.


MARS! from Joe Bichard and Jack Cunningham on Vimeo.


Jack Cunnigham est un animateur 2D/3D déjà très connu par maints graphistes pour son « pixelart ». En compagnie de Jimi Swells et de Joe Bichard, il nous offre un futur conditionnel où la planète rouge est sucée jusqu'à la moëlle par « Homo Sapiens Martiens ».



mardi 12 octobre 2010

Un cerveau biologique dans une machine

Chercheur en cybernétique à l'université de Reading, Kevin Warwick s'est orienté vers le développement de réseaux neuronaux contrôlant des machines. Son équipe a cultivé des cellules neuronales de rats dont les impulsions électriques permettent de radioguider un petit robot sur roues. Au fur et à mesure des déplacements de la machine, les neurones forment de nouvelles connexions et le système cerveau biologique-machine apprend à se mouvoir tout seul comme un grand.



Les capacités « neuro-computationnelles » de cet hybride rat-robot sont encore primaires : elles lui permettent seulement d'éviter les obstacles avec la vivacité et la dextérité d'un vrai rongeur. Pas mal pour un début.



D'ores et déjà, l'équipe Warwick a constaté de petites mais significatives différences de comportements entre plusieurs cultures neuronales lors des déplacements du robot.



Selon Warwick, lorsque la R&D (cybernétique, neuro-ingénierie, biotechnologies) augmentera la dimension, la longévité, la connectivité (interne comme externe) et la réactivité des cultures neuronales, on aboutira tôt ou tard à des systèmes hybrides aussi intelligents que des petits mammifères. Ce qui laisse présager une surprenante diversité de cyborgs autodidactes.


En savoir plus :


Professional Engineering Publishing :
Proceedings of the Institution of Mechanical Engineers, Part I: Journal of Systems and Control Engineering (PDF payant)


Springerlink : Implications and consequences of robots with biological brains (PDF payant)



mardi 5 octobre 2010

Les sept âges du corps humain

Corps animal, corps sexuel, corps politique, corps divin, corps-machine, corps numérique et corps multiple...


L'archéologue John Robb de l'université de Cambridge nous offre un aperçu des conceptions successives du corps humain depuis 10 000 ans : mésolithique, néolithique, Antiquité, Moyen Âge, Renaissance, ère industrielle puis informationnelle.

mercredi 29 septembre 2010

Un vol commercial moins carcéral


Au train où vont les choses, les loisirs en cabine passagers ressembleront peut-être à ceci dans les prochaines années...


Agrandir l'image


"Tout contrevenant sera maîtrisé par ses co-détenus (de première classe ou de classe économique), arrêté et jugé pour acte terroriste".

Extrait d'un concours d'infographie organisé par le webzine Wired : Artifacts From The Future.

Toutefois, Virgin Airlines a certainement trouvé la solution ultime qui maintiendra le terroriste potentiel que vous êtes scotché sur son siège pendant des heures : des écrans tactiles multimédia.



Cette technologie était disponible depuis longtemps dans les vols commerciaux mais la compagnie aérienne hype leur a ajouté un petit plus : une interface à la iPhone/Ipad et la possibilité d'acheter e-books, films et musique en ligne que l'on peut ensuite savourer chez soi.
Dans quelques années, ces écrans seront certainement étendus aux trains, aux autocars, aux navires de plaisance... et feront la joie des e-marketeurs. Motif : un prospect qui s'ennuie ferme pendant son trajet est plus enclin à acheter du loisir multimédia.




mercredi 22 septembre 2010

Liberté de choix et insatisfaction permanente

La liberté de choix, pierre angulaire des sociétés occidentales, a engendré une paralysie du choix et une insatisfaction permanente. Telle est l'analyse certes très peu originale du psychologue Barry Schwartz mais clairement et ironiquement présentée lors de sa conférence aux TEDTalks.



Avec autant de choix disponibles (produits de consommation, carrières, vies personnelles, investissements, informations, etc), la décision finale est sans cesse reportée au lendemain. Pour peu que cette paralysie du choix soit surmontée par une décision ferme, l'insatisfaction n'en a pour autant disparu. En effet, la valeur des choses dépendant fortement de leur degré de comparaison avec d'autres, les options qui n'ont pas été choisies paraîtront toujours plus alléchantes. D'où des attentes plus complexes et plus démesurées.


Finies les heureuses surprises (d'antan) ! Bienvenue dans la quête perpétuelle de perfection !

Selon le sémillant psychologue, les cas de dépressions et de suicides dans les pays industrialisés ont drastiquement augmenté en une seule génération pour une raison essentielle : les déceptions et les insatisfactions sont de plus en plus mal vécues et expliquées par les individus et par les sociétés. En Amérique du nord où le marketing fait preuve d'une agressivité et d'une ubiquité sans pareil, ces tragiques réalités sociales me semblent légèrement mais significativement plus prégnantes qu'en Europe.


samedi 18 septembre 2010

Les médias sociaux chinois et japonais

Du fait d'abord de différences culturelles d'abord, et d'un protectionnisme informationnel et/ou d'une censure gouvernementale, les médias sociaux en Chine et au Japon sont assez différents de ceux du reste du monde.


Agrandir la carte 360 des médias 2.0 en Chine


Dans ces infographies instructives, le site Thomascrampton.com propose les équivalents chinois/nippons des médias 2.0 internationaux.


Agrandir la carte 360 des médias 2.0 au Japon


Ainsi, on apprend que Facebook, eBay et Blogger sont littéralement inconnus dans ces deux pays.



vendredi 10 septembre 2010

Vous rêvez de devenir astronaute ?

Avant de poser votre candidature pour quelque carrière spatiale, buvez lentement cette série en six volets du New Scientist. les aventures de Star Trek ou du Battlestar Galactica ne sont pas pour demain...



How to be an astronaut : A beginner's guide. Mieux vaut être citoyen d'un pays disposant de ses propres programmes spatiaux habités comme les Etats-Unis, la Russie et la Chine qui privilégient de loin leurs nationaux. Une formation sci-tech adéquate et très poussée, un dossier médical en béton et une condition physique à la Bruce Wayne (alias Batman) seront hautement indispensables pour intégrer l'élite spatiale.

How to be an astronaut 2: Beating boot camp. Obtenir votre ticket pour l'espace passera nécessairement par un centre de formation pour astronautes dont les exigences techniques et les exercices quotidiens (dans les airs et dans l'eau) vous feront vite renoncer. Vous pouvez aussi acheter votre ticket pour l'espace moyennant 20 millions de dollars ! Heureusement, des agences spatiales commerciales comme Virgin VSS Enterprise casseront brutalement les prix dans les décennies à venir. Cependant, elles n'offriront rien de comparable à un séjour de plusieurs semaines / mois à bord de la Station Spatiale Internationale ou à un long voyage vers Mars.

How to be an astronaut 3: The perils of space. Au lancement, vous serez assis sur de tonnes de combustible et de métal qui, malgré l'infinité des contrôles et tests de sûreté, peuvent exploser votre joli popotin à tout instant. Lors de la rentrée dans l'atmosphère, la moindre micro-fissure dans votre véhicule garantit une descente en flammes. Dans l'espace, votre vaisseau n'est guère à l'abri d'un débris spatial ou d'une micro-météorite qui transpercera un radiateur, un circuit de navigation ou une réserve à oxygène. Si vous entreprenez le long voyage vers Mars, les rayons cosmiques vous causeront très probablement de méchantes métastases. Vous verrez la planète rouge dans une vie plus céleste...

How to be an astronaut 4: Roughing it in orbit. L'alimentation dans l'espace est une superbe horreur synthétique sans saveur, sans odeur, de surcroît peu nutritive. Idem pour les incontournables compléments nutritifs. Habituez-vous à consommer votre urine recyclée (ainsi que celles de vos compagnons) car c'est déjà le cas à bord de l'ISS ! En outre, la biologie humaine n'est guère adaptée à la microgravité : nausées, vertiges, désorientation spatiale, afflux sanguin dans le cerveau et perte de masse osseuse et musculaire seront votre pain quasi quotidien. De retour sur Terre, vous serez plus affaibli que votre octogénaire de grand-père, dépression nerveuse en sus. Un malheur ne venant jamais seul, les coupures et les blessures cicatrisent (très) mal dans l'espace et les infections adorent cet environnement. Vous devrez également faire une croix sur des aspects plus intimes, abordés sans détours dans Du sexe dans l'espace ?

How to be an astronaut 5: Destination unknown. L'orbite basse ? Facile. La Lune ? Impressionnante mais pas très sexy. Mars ? Une toute autre paire de manches. Quel type de vaisseau spatial pour un si long voyage (de 6 à 18 mois) ? Comment se faire à la vision d'une Terre ayant la dimension d'une simple étoile après quelques semaines de voyage ? Comment se débarrasser de cette profonde sensation de solitude dans un vide obscur qui n'en finit plus ? Comment optimiser durablement vos ressources vitales pour le trajet aller comme retour (oxygène, eau, énergie, alimentation) ? Malgré votre entraînement psychologique hors pair, comment réagirez-vous effectivement en cas d'incidents graves (incendie, panne d'électricité, fuite d'oxygène, impact d'astéroïde, etc) au beau milieu du système solaire ? Comment communiquer efficacement avec la hotline terrienne par tranches de 20 minutes = le délai d'une communication radio entre Terre et Mars ?


Rien de tout cela ne semble vous décourager. Vous êtes donc un homo sapiens absolument normal : aucun obstacle n'étanchera votre soif de découverte, aucune difficulté n'arrêtera votre quête d'aventure. Après tout, le rêve dans les étoiles n'est-il pas le premier pas vers l'exploration spatiale ?

vendredi 3 septembre 2010

Test de Bechdel : le cinéma est-il sexiste ?

Tiré du nom de la BDessinatrice américaine Alison Bechdel, le test de Bechdel évalue la présence féminine dans un film grâce à trois questions simples : 1/ Y a-t-il au moins deux personnages féminins portant des noms ? 2/ Ces deux femmes se parlent-elles ? 3/ Leur conversation porte-t-elle sur un sujet autre qu'un personnage masculin ?



Claque magistrale : l'immense majorité des blockbusters échouent à ce test. Y aurait-il quelque biais masculin voire un sexisme enraciné au cinéma et à la télévision ? Est-ce une réalité essentiellement hollywoodienne ou mondialement répandue ? La gente féminine souhaiterait-elle visionner plus de films réussissant ce test de Bechdel ?

Il en faudra plus pour me faire détester Matrix, Ma Vie En L'Air, Jackie Brown, Inceptions, Vicky Christina Barcelona... ou Snatch dans lequel il n'y a quasiment pas de rôle féminin. Serais-je un vecteur indirect du sexisme à l'écran du fait de mes préférences naturelles ? Une chose est sûre : désormais, ma vision des films et des séries TV sera plus ou moins « bechdelienne ».

Néanmoins, voici quelques films qui réussissent peu ou prou ce test : Serenity, le Silence des Agneaux, Persepolis, Le Diable s'habille en Prada, la trilogie Alien... et Starship Troopers ! Auriez-vous d'autres films en tête ?


En savoir plus :


  1. Boing Boing : The Bechdel Test for women in movies

  2. Réseau Education-Médias : Le test de Bechdel



mercredi 23 juin 2010

La prothèse de l'homme-poisson


Une bonne prothèse reproduit autant que possible les formes et/ou les fonctions d'un membre perdu ou absent. L'individu handicapé l'apprécie d'autant plus lorsqu'elle combine légereté, ergonomie, esthétique et efficacité (cf. Quand la prothèse devient victime de la mode).



Conçue en dix semaines par le designer suédois Richard Stark, la prothèse Neptune n'est pas seulement user-friendly : elle transforme littéralement l'handicapé en homme-poisson de facto plus rapide qu'un nageur valide.





En effet, les pertes de membres sont causées tant par le diabète que par des accidents domestiques / du travail et des blessures de guerre. Consécutivement, bon nombre d'amputés étaient des individus plutôt en forme avant de perdre leurs membres. D'où la nécéssité, selon Stark, de leur restituer peu ou prou une mobilité artificielle aussi utile qu'agréable.



À l'image des prothèses orthopédiques de l'athlète paraolympique Oscar Pistorius alias Blade Runner produisant plus de vitesse à chaque impact au sol que les jambes d'un athlète valide (+30% selon le biomécanicien Gert-Peter Brüggeman mandaté par l'IAAF), la prothèse Neptune fera certainement des émules dans la prothèse « hydropédique » de compétition.



Amputée de ses deux jambes lorsqu'elle avait un an, l'actrice, mannequin et athlète paraolympique Aimee Mullins doit sa locomotion a des jambes artificielles, recoure également à des prothèses orthopédiques de compétition... et affirme qu'en ce qui la concerne, « il ne s'agit plus d'un handicap mais d'une augmentation ».


En savoir plus :


  1. Yanko Design : Neptune orthopaedic swimmind aid for lower limb amputees

  2. Richard Stark : site officiel

  3. Électrosphère : Quand la prothèse devient victime de la mode


lundi 14 juin 2010

Un humour de marée noire


Comment la firme pétrolière BP a géré la catastrophe du Golfe du Mexique. Une vision acerbe, décapante et éclaboussante d'hilarité.



jeudi 10 juin 2010

Ombre, lumière et réalité augmentée

Joon Moon obtiendra certainement son master à Parsons, fameuse école new-yorkaise de design. Ce programmeur et designer a développé l'animation interactive Augmented Shadow sur une « table tactile de réalité augmentée » (augmented reality tabletop) dans laquelle l'utilisateur agit sur des blocs d'ombre ou de lumière.


Augmented Shadow_document from Joon Y Moon on Vimeo.


À l'image de l'écosystème naturel, les personnages animés (arbres, bonhommes, oiseaux) de cet écosystème virtuel sont plus attirés par la lumière. Une réalisation sobre, élégante et fascinante.


Undo Undo : Augmented Shadow



samedi 29 mai 2010

Électrosphère dans la revue Défense Nationale


Dans son édition de juin 2010, Défense Nationale a publié une analyse de mon cru titré « Peut-on dissuader dans le cyber-espace ? »


Comment empêcher un perturbateur de déclencher une cyberattaque contre les réseaux vitaux d'un pays ? Comment l'en dissuader et contrôler les armes cybernétiques qui prolifèrent ? Charles Bwele livre ici sa réflexion sur la cyberdissuasion (revue payante, article en ligne payant).


Un grand merci à cette incontournable revue stratégique !


dimanche 23 mai 2010

Améliorer l'iconographie médicale



La Fondation Robert Wood Johnson a fait appel à plusieurs étudiants en graphisme de l'université du Cincinnati afin de créer et/ou d'améliorer une iconographie intuitive et patient-friendly destinée aux centres de santé (hôpitaux, cliniques, maternités, etc). Efficace.


Fast Company : Paging All Designers: 15 Icons for Healthier Hospital Signs



vendredi 9 avril 2010

Quand 1969 imaginait l'internet


Nos prospectives sont fortement tributaires voire prisonnières des paradigmes technologiques en cours et, à l'image de celle présentée ci-dessus, acquièrent un charmant côté vintage face aux évolutions réelles. En 2050, l'héritier de l'internet comportera des interfaces et des connectiques à peine imaginables aujourd'hui.


jeudi 25 mars 2010

Makmende Amerudi ou l'afrobeat à la Tarantino


Une dose de Tarantino, une pincée de Beastie Boys, une noix de blaxploitation (le cinéma policier afro-américain des années 70, popularisé par les films Shaft et Troubleman et remis au goût du jour par le tarentinesque Jackie Brown), le tout remixé dans un rythme très accrocheur puisant à la fois dans l'afrobeat (Fela, Femi et Seun Kuti) et dans une dance-pop à la Black Eyed Peas.


Avec ce sensationnel embryon de tube titré « Ha-He » (vidéo réalisée par Jim Chuchu et Mbithi Masya) et leur héros Makmende Amerudi, le groupe kenyan Just A Band fait déjà un carton sur le net : +14 000 fans sur Facebook dès les premières 24 heures de diffusion sur Youtube et le buzz allant avec. C'est macho, afro, funky, pastiche, faussement low-tech et bourré d'autodérision.



Au Kenya comme sur le net, les tweets Makmende prolifèrent : « #Makmende can tweet 141 letters !, #Superman wears Makmende pajamas, #Makmende is so cool ! »


samedi 13 mars 2010

La propriété intellectuelle, arme de dissuasion

Ce graphique du New York Times (cf. An Explosion of Mobile Patents Lawsuit) illustre parfaitement la récente profusion de procès entre firmes technologiques pour violations de brevets sur les applications dédiées à la téléphonie mobile. Selon le professeur Eric Von Hippel du MIT, ces firmes sont plus enclines à tirer de juteux profits de ces poursuites judiciaires que de l'exploitation intrèsèque des brevets. Analysons le pourquoi du comment.


Dans une ère informationnelle où les idées, les concepts et les innovations sont aussi voire plus importants que la terre, l'énergie et les matières premières, la propriété intellectuelle en général et les brevets en particulier sont nécéssairement au centre de toutes les convoitises. Lorsque j'étais adolescent ou étudiant, les nomenclatures comptables consacrées aux actifs immatériels (brevets, licences, marques déposées, copyrights, logiciels, etc) des sociétés européennes ou américaines étaient rarement étudiées en profondeur. Mes cadets actuels de promo leur portent une attention toute méritée car elles constituent au minimum 40% des actifs comptables de la plupart des sociétés industrielles et a fortiori technologiques.


Autrefois confinée dans les départements juridiques et de R&D, la gestion de la propriété intellectuelle est aujourd'hui le cheval de bataille des directions commerciales et générales. Ceci est encore plus vrai dans les secteurs des TIC et d'autant plus dans la téléphonie mobile.

Pensez à des firmes comme Microsoft, Apple, HP, Nokia, RIM, Samsung et Sony-Ericsson pour ne citer qu'elles, et sachez qu'IBM engrange chaque année plus d'un milliard et demi de dollars grâce à ses brevets et licences. La seule gestion de la propriété intellectuelle dans les TIC est une industrie estimée en 2009 à plus de 120 milliards de dollars annuels dans le monde (dont 60 milliards de dollars pour la zone Amérique du nord). Dans le cas américain, l'ex-président Alan Greenspan de la FED avait affirmé que « la valeur économique des Etats-Unis est essentiellement conceptuelle ».

Consécutivement, cette gestion de la propriété intellectuelle a atteint un degré de complexité défiant quasiment l'entendement. Dans le feu de la conduite de projets multiples (de la R&D à la commercialisation), bon nombre de firmes techno ignorent souvent – mais pas toujours ! - qu'elles violent quelque propriété intellectuelle jusqu'à ce qu'elles reçoivent une note d'avocat ou une plainte émise par une compagnie peu ou prou concurrente.


En effet, la gestion de la propriété intellectuelle s'est transformée en arme de dissuasion sur les terrains conceptuels (produits, services), juridiques et commerciaux. C'est en quelque sorte l'épée de Damoclès qui coupera net l'élan d'un concurrent sur un marché très convoité ou dans une niche critique. Apparemment, la destruction mutuelle assurée chère aux stratèges de la guerre froide a vite conquis les stratèges de la guerre technologique. La profusion de poursuites judiciaires pour violations de brevets ne laisse donc rien présager de bon pour l'innovation à long terme dans les TIC et dans la téléphonie mobile, outil de communication par excellence.


L'instauration d'un standard unique – par un groupe d'intérêt économique ou par une firme en position dominante – ou le mix de différentes technologies intellectuellement protégées est la condition sine qua non d'une mutualisation plus marquée des effets de réseau entre sociétés rivales et applications voisines et/ou connexes. L'inexorable convergence du web (2.0, 3.0) et de l'internet mobile ne fera que renforcer cette exigence car elle requiert de plus en plus de systèmes interopérables et sonne le glas des intégrations verticales très peu propices à ces effets de réseau. Cette obsession pour l'intégration verticale a fortement nui aux fabricants japonais de téléphones mobiles à l'exportation. Les keïtai pourtant d'excellentes factures sont toujours prisonniers de l'archipel nippon, le géant Sony ne doit son salut qu'à son joint-venture avec le suédois Ericsson.

N.B. : « L'effet de réseau » ou « effet-club » est un mécanisme d'externalité positive économique qui prévoit que l'utilité d'un bien pour un agent dépende du nombre des autres utilisateurs. C'est le cas de nombreuses technologies et service de communications (cf. Wikipedia).


Dans sa quête d'ubiquité online et on air, Google n'a qu'à bien se tenir. Toutefois, son ingénieuse approche technico-commerciale de la téléphonie mobile et des systèmes d'exploitation doit beaucoup aux noyaux Linux de ses plate-formes Android et Chrome OS. Ainsi, la firme de Mountain View ne dispose pas seulement d'un remarquable atout-maître face aux systèmes propriétaires Windows (7, Mobile) et Apple (Mac OS, iPhone), elle forge une solide et silencieuse croissance organique pour ses deux OS en jouant d'emblée sur les effets réseau et, corrélativement, se prémunit quelque peu d'une avalanche de poursuites judiciaires pour violations de brevets dans le domaine hautement stratégique des systèmes d'exploitation. D'ores et déjà, la poussée d'Android a incité Nokia à modifier la licence de Symbian OS alors open source depuis 2009.


Plutôt qu'escompter un éclair de lucidité traversant les gestionnaires de la propriété intellectuelle dans les TIC, ne vaut-il pas mieux vaut compter sur l'incontournable obligation de profit animant leurs directeurs généraux ? Ainsi, la voracité des uns amoindrirait ou contrebalancerait la rapacité des autres et vice-versa, puis réconcilierait manu militari tout le monde avec l'innovation ouverte.



jeudi 11 mars 2010

Les ventes d'armes par l'infographie



Sur le podium des vendeurs : États-Unis, Russie, France. Sur le podium des acheteurs : Arabie Saoudite, Inde et Émirats Arabes Unis. Félicitations, Mesdames et Messieurs ?


Voir le graphique complet dans Awesome Good.


jeudi 11 février 2010

Une matinée un peu trop interactive


La réalité augmentée envahit lentement et sûrement nos environnements online / on air. Dans un jargon plus techno, on appelle cela « informatique diffuse » ou « communication ambiante ». Tout objet comportant plus ou moins une interface électronique (ordinateur, mobile, affiche publicitaire, etc) transforme votre environnement immédiat en hyperliens multimédia et/ou réagit à vos sollicitations... ou à votre complète indifférence. Pensez au superbe film Minority Report et au chef-d'oeuvre d'animation Renaissance 2054.

Selon l'étudiant nippon Keiichi Matsuda, « la seconde moitié du 20ème siècle a vu la fusion de la construction et de l'espace média, offrant de nouveaux rôles à l'architecture dans les domaines associés au branding, à l'imagerie et au consumérisme. La réalité augmentée redéfinira les rôles de l'architecture et du consumérisme et modifiera nos modes d'interaction avec ceux-ci. »

Augmented (hyper)Reality: Domestic Robocop from Keiichi Matsuda on Vimeo.


Dans cette animation conçue pour son master d'architecture, Matsuda nous offre un avant-goût probable de notre matinée dans quelques décénnies. Nul doute qu'il obtiendra son diplôme haut la main. Ce futur conditionnel en 3D me fait rire, m'impressionne et m'effraie. En effet, les marketeurs sont connus pour leur relation très conflictuelle avec la pédale de frein publicitaire. Imaginez un peu qu'un infomédiaire comme Google s'immisce dans votre réalité augmentée, de la rue piétonne à la salle de bains...
Où est le disjoncteur ?

vendredi 5 février 2010

Une musique plus forte et de qualité moindre



Avez-vous déjà prêté attention à cette bouillie sonore vomie par les radios et dans les bars-restaurants ? Avez-vous perçu cette différence de niveau sonore et de qualité acoustique d'une même chanson entre votre chaîne hi-fi et votre station FM préférée ?


Non, vous n'êtes ni ringard ni trop vieux : depuis une vingtaine d'années, la musique est effectivement enregistrée et diffusée à un volume de plus en plus élevé. Les ingénieurs du son et les directeurs des radios commerciales tiennent à ce que « ça claque un max » dans les micro-chaînes hi-fi, dans les autoradios, dans les ensembles bi/tri/quadri-phoniques (pour ordinateurs) et dans les baladeurs numériques.

La méthode utilisée à cette fin par les ingénieurs du son est appelée « compression dynamique » : lors de la post-production, les plus hautes et les plus basses fréquences d'une piste musicale sont ramenées vers un niveau moyen ou médian. D'où un « volume relatif » - la zone intermédiaire entre les extrêmes – qui sera au final plus élevé que celui initial.

Lors de sa diffusion en FM, la même chanson déjà numériquement compressée sera traitée en temps réel par un DSP (ou processeur de son numérique, nettement plus sophistiqué que celui de votre chaîne hi-fi ou de votre lecteur multimédia préréglé en mode rock, techno, jazz ou classical) qui lui donnera une sonorité à la fois très dense et légèrement explosive, hautement appréciée par les radios commerciales et par leurs annonceurs publicitaires. La preuve par l'inoubliable tube « In Da Club » du rappeur 50 Cent.

Motif : à la maison ou sur la route, l'auditeur souhaitant se changer les idées positionne plus souvent son tuner sur une station FM diffusant à un volume élevé... C'est un tantinet plus vrai pour un auditeur mâle âgé de 15 à 40 ans. Est-ce l'âge de la grandeur des folies ?


Niveau sonore de plusieurs tubes de 2003 à 2009. NPR Media


Selon le vétéran Bob Ludwig de l'ingénierie du son, la loudness war a commencé en douceur avec les disques vinyle 45 tours car les technologies analogiques de l'époque étaient beaucoup plus restrictives que celles numériques qui émergèrent à la fin des années 70. Dès l'apparition du CD au milieu des années 80, la quête perpétuelle du tube et la course incessante aux hit-parades (Top 50, Billboard, Top of the Pops, etc) radicalisèrent cette guerre du volume.



À l'ère du MP3, la qualité sonore de la musique a été peu ou prou nivellée par le bas, notamment par rapport au CD offrant tout de même une incontestable clarté acoustique. Par ignorance et/ou par souci d'économiser de la mémoire (baladeurs, smartphones), les audionautes optent trop souvent - au téléchargement ou à la conversion du CD - pour des chansons compressées à 128 ko/s ou 192 Ko/s. Sachant cela, les ingénieurs du son ont réajusté leurs réglages, d'où une guerre du volume devenue systématique dans les productions pop, rock, Rn'B et metal (voir la vidéo ci-dessus)... et une impression régulière de fatigue ou de ras-le-bol à l'écoute de plusieurs tubes ou de quelques albums pourtant de très bonne voire d'excellente facture.

Au fait, qu'est devenu ce groupe mythique new-wave/electro des 80-90's nommé Art of Noise ?


En savoir plus :


  1. NPR Media : The Loudness Wars : Why Music Sounds Worse

  2. The Guardian : Come on, feel the noise

mercredi 3 février 2010

Les traders virtuels préfèrent la microseconde


Tout récemment, Thomson Reuters a crée le service d'informations NewsScope Direct diffusant des données économiques et financières toutes les microsecondes à destination des traders algorithmiques (high frequency traders) des bourses de Chicago et de Londres. Une microseconde = un millionème de seconde. Un instant plus que négligeable pour nous, pauvres humains, une vie entière pour ces opérateurs de marché Intel inside.



Selon le magazine financier Agefi :


« Basé sur des modélisations mathématiques des marchés financiers, le trading algorithmique automatise le placement des ordres, tout en respectant des stratégies d’investissement bien arrêtées. »


« Très développé chez les arbitragistes (hedge funds et comptes propres de banques), consiste à jouer sur les inefficiences des marchés que la volatilité a démultipliées ces derniers mois. Dans un cas simple, le gérant achète une grande quantité de titres (plutôt liquides de type « blue chips ») sur une plate-forme pour les revendre presque instantanément sur une autre où le prix était supérieur, en toute transparence « pre-trade » : le premier cours va monter et le deuxième baisser, rendant les marchés plus efficients (d’autres arbitrages porteront par exemple sur deux valeurs différentes mais corrélées). A ce jeu où deux algorithmes équivalents vont détecter l’incohérence, c’est l’exécution la plus rapide qui l’emporte. D’où une course à la « milliseconde », qui se traduit par un rapprochement géographique entre plates-formes, intermédiaires et arbitragistes. Pour raccourcir encore la période de latence, les plates-formes proposent même désormais dans leurs locaux des postes en colocation à destination des autres intervenants : bientôt 300 installés chez Nyse Euronext grâce au déménagement informatique dans le sud-est de l’Angleterre. »


Selon le New York Times, le trading algorithmique (ou algotrading) qui ne portait que sur 30% des actions échangées à Wall Street en 2005, est passé à 61% en 2009. Consécutivement, une bonne part de la cacophonie rituelle des salles de marchés s'est peu à peu déplacée d'abord vers de silencieuses fermes de serveurs (server farms) à travers toute l'Amérique, puis dans des interfaces logicielles plus ou moins conviviales compensant la complexité intrèsèque des outils.

Les « algotraders » sont de loin plus rapides et plus efficaces que leurs pairs biologiquess qui, forcément, décrochent face à de tels rivaux... ou partenaires leur permettant de traiter dix fois plus d'ordres que manuellement. À titre d'exemple le système High Frequency Trading (HFT) de NYSE Euronext exécute des ordres à un rythme de 650 microsecondes tandis que celui de BATS Global Market plafonne à 250 microsecondes.

Un écart de 300 microsecondes faisant désormais une énorme différence entre gains et pertes, les fonds d'investissement se livrent à une concurrence acharnée par calculateurs et algorithmes interposés, seuls capables de réagir aux informations écofinancières avant qu'elles ne produisent leurs tous premiers effets sur les marchés. D'où l'immense intérêt de NewsScope Direct pour ces traders 100% techno. Nul doute que ce service et d'autres émules seront progressivement étendus à toutes les places financières.


Score intermédiaire : 2-0 pour les machines. Dégagez, sales humains ! Entretemps, la course-poursuite technologique a déjà commencé.


Basé à Setauket (État de New York), le fond d'investissement Renaissance Technologies s'est doté d'une puissance de calcul égale à celle du laboratoire scientifique de Lawrence Livermore (Californie) spécialisé dans l'expérimentation d'armes nucléaires, la fusion magnétique, l'énergétique, la biologie et les sciences environnementales.

Le datacenter de 120 000 m2 construit par NYSE Euronext à Mahwah (New Jersey) entrera en service au printemps 2010. Il analysera et modélisera l'ensemble des places financières mondiales à une vitesse moyenne de 40 Go/s et diffusera plus d'un million de messages par seconde vers ces dernières. Ici, la plus grande difficulté technique réside non pas dans la vitesse de traitement des données mais dans l'acheminement d'une telle masse d'informations via l'internet et divers réseaux numériques propriétaires déjà quotidiennement inondés.



Aux États-Unis, les algotraders suscitent de sérieuses controverses. De nombreuses critiques les accusent de manipuler les marchés financiers, d'être une concurrence déloyale pour les traders et les boursicoteurs humains, et de semer les graines d'un krach financier. Le Securities and Exchange Commission, gendarme boursier américain, a récemment procédé à l'interdiction du flash trading (ou flash order) qui « s’apparente au délit d’initié dans la mesure où les Direct Edge, CBOE puis Bats et Nasdaq OMX offraient à certains clients, dans un lieu électronique différent de la plate-forme d’échanges et pendant un temps très court de quelques dizaines de millisecondes, un aperçu privilégié sur le carnet d’ordres. Très critiqué pour son iniquité, ce service a été interrompu par les deux dernières fin août, puis interdit par le régulateur américain le 17 septembre » (cf. Agefi).


Pour ma part, je perçois ces super-traders virtuels comme des accélérateurs ou des démultiplicateurs potentiels de sensibilité aux conditions initiales. Auriez-vous donc oublié ce cher Edward Lorenz et ses fameux attracteurs étranges ? Ainsi, du fait de la puissance computationnelle constamment augmentée et de la sophistication perpétuelle des algotraders, outils simultanément et massivement utilisés par un nombre croissant de fonds d'investissement, d'infimes variations de prix se transformeraient ultra-rapidement en grosses pierres qui roulent sur les marchés, réunissant d'autant plus vite les conditions propices au krach financier.


En bref, ces traders techno doperaient-ils l'effet papillon à une vitesse proprement électronique ? Pour peu que ces outils se généralisent au sein des fonds d'investissement et de la bancassurance, quelles incidences auront les « micro ou macro-décisions » humaines dans un système financier mondial où les machines prennent les initiatives premières et sont au coeur des transactions consécutives ?


Pour les vétérans de la finance, le krach de 1987 est encore dans les mémoires : en une seule journée, le Dow Jones plongea de 22%. Les coupables : des systèmes de gestion de portefeuilles - lointains ancêtres de nos algotraders actuels – programmés pour vendre automatiquement des actions dès que leurs prix passent en-dessous d'un niveau plancher.


Or, si notre imperfection typiquement humaine - en matières de calcul, de modélisation et de décision - contribue en partie à éviter des krachs à répétition, elle constitue également un facteur aggravant. En effet, sur les marchés financiers, il vaut largement mieux se tromper comme tout le monde plutôt qu'en solitaire. Et quand tout va mal, les traders se fient plus souvent aux décisions de leurs collègues qu'à leur libre arbitre. Vive le facteur humain ! Dans de telles circonstances, les imperfections du marché seront-elles amplifiées par ces super-traders virtuels à des échelles encore inconcevables aujourd'hui ?


Verra-t-on bientôt des algotraders pré-modélisant - en arrière-plan de l'activité des marchés - les comportements de leurs pairs virtuels qui, à leur tour devront réajuster leurs tirs ? Les places financières n'en sont plus à une complexité près... à l'image des CDO (collateralized debt obligations) ou des CDO de CDO de CDO, produits dérivés de multiples dérivés de dérivés qui envahirent les marchés financiers (cf. Krach flow) durant les années 2000, explosèrent tels des cocktails molotov à la figure des fonds d'investissement et de la bancassurance en 2007-2008 et entraînèrent les subprimes déjà très mal en point dans leur descente aux enfers.

Dans quelques décénnies, le Grand Livre des Données nous dira certainement si le recours massif aux algotraders a provoqué ou non beaucoup plus de krachs que par le passé... et à quel prix l'économie réelle l'a payé.