jeudi 25 mars 2010

Makmende Amerudi ou l'afrobeat à la Tarantino


Une dose de Tarantino, une pincée de Beastie Boys, une noix de blaxploitation (le cinéma policier afro-américain des années 70, popularisé par les films Shaft et Troubleman et remis au goût du jour par le tarentinesque Jackie Brown), le tout remixé dans un rythme très accrocheur puisant à la fois dans l'afrobeat (Fela, Femi et Seun Kuti) et dans une dance-pop à la Black Eyed Peas.


Avec ce sensationnel embryon de tube titré « Ha-He » (vidéo réalisée par Jim Chuchu et Mbithi Masya) et leur héros Makmende Amerudi, le groupe kenyan Just A Band fait déjà un carton sur le net : +14 000 fans sur Facebook dès les premières 24 heures de diffusion sur Youtube et le buzz allant avec. C'est macho, afro, funky, pastiche, faussement low-tech et bourré d'autodérision.



Au Kenya comme sur le net, les tweets Makmende prolifèrent : « #Makmende can tweet 141 letters !, #Superman wears Makmende pajamas, #Makmende is so cool ! »


samedi 13 mars 2010

La propriété intellectuelle, arme de dissuasion

Ce graphique du New York Times (cf. An Explosion of Mobile Patents Lawsuit) illustre parfaitement la récente profusion de procès entre firmes technologiques pour violations de brevets sur les applications dédiées à la téléphonie mobile. Selon le professeur Eric Von Hippel du MIT, ces firmes sont plus enclines à tirer de juteux profits de ces poursuites judiciaires que de l'exploitation intrèsèque des brevets. Analysons le pourquoi du comment.


Dans une ère informationnelle où les idées, les concepts et les innovations sont aussi voire plus importants que la terre, l'énergie et les matières premières, la propriété intellectuelle en général et les brevets en particulier sont nécéssairement au centre de toutes les convoitises. Lorsque j'étais adolescent ou étudiant, les nomenclatures comptables consacrées aux actifs immatériels (brevets, licences, marques déposées, copyrights, logiciels, etc) des sociétés européennes ou américaines étaient rarement étudiées en profondeur. Mes cadets actuels de promo leur portent une attention toute méritée car elles constituent au minimum 40% des actifs comptables de la plupart des sociétés industrielles et a fortiori technologiques.


Autrefois confinée dans les départements juridiques et de R&D, la gestion de la propriété intellectuelle est aujourd'hui le cheval de bataille des directions commerciales et générales. Ceci est encore plus vrai dans les secteurs des TIC et d'autant plus dans la téléphonie mobile.

Pensez à des firmes comme Microsoft, Apple, HP, Nokia, RIM, Samsung et Sony-Ericsson pour ne citer qu'elles, et sachez qu'IBM engrange chaque année plus d'un milliard et demi de dollars grâce à ses brevets et licences. La seule gestion de la propriété intellectuelle dans les TIC est une industrie estimée en 2009 à plus de 120 milliards de dollars annuels dans le monde (dont 60 milliards de dollars pour la zone Amérique du nord). Dans le cas américain, l'ex-président Alan Greenspan de la FED avait affirmé que « la valeur économique des Etats-Unis est essentiellement conceptuelle ».

Consécutivement, cette gestion de la propriété intellectuelle a atteint un degré de complexité défiant quasiment l'entendement. Dans le feu de la conduite de projets multiples (de la R&D à la commercialisation), bon nombre de firmes techno ignorent souvent – mais pas toujours ! - qu'elles violent quelque propriété intellectuelle jusqu'à ce qu'elles reçoivent une note d'avocat ou une plainte émise par une compagnie peu ou prou concurrente.


En effet, la gestion de la propriété intellectuelle s'est transformée en arme de dissuasion sur les terrains conceptuels (produits, services), juridiques et commerciaux. C'est en quelque sorte l'épée de Damoclès qui coupera net l'élan d'un concurrent sur un marché très convoité ou dans une niche critique. Apparemment, la destruction mutuelle assurée chère aux stratèges de la guerre froide a vite conquis les stratèges de la guerre technologique. La profusion de poursuites judiciaires pour violations de brevets ne laisse donc rien présager de bon pour l'innovation à long terme dans les TIC et dans la téléphonie mobile, outil de communication par excellence.


L'instauration d'un standard unique – par un groupe d'intérêt économique ou par une firme en position dominante – ou le mix de différentes technologies intellectuellement protégées est la condition sine qua non d'une mutualisation plus marquée des effets de réseau entre sociétés rivales et applications voisines et/ou connexes. L'inexorable convergence du web (2.0, 3.0) et de l'internet mobile ne fera que renforcer cette exigence car elle requiert de plus en plus de systèmes interopérables et sonne le glas des intégrations verticales très peu propices à ces effets de réseau. Cette obsession pour l'intégration verticale a fortement nui aux fabricants japonais de téléphones mobiles à l'exportation. Les keïtai pourtant d'excellentes factures sont toujours prisonniers de l'archipel nippon, le géant Sony ne doit son salut qu'à son joint-venture avec le suédois Ericsson.

N.B. : « L'effet de réseau » ou « effet-club » est un mécanisme d'externalité positive économique qui prévoit que l'utilité d'un bien pour un agent dépende du nombre des autres utilisateurs. C'est le cas de nombreuses technologies et service de communications (cf. Wikipedia).


Dans sa quête d'ubiquité online et on air, Google n'a qu'à bien se tenir. Toutefois, son ingénieuse approche technico-commerciale de la téléphonie mobile et des systèmes d'exploitation doit beaucoup aux noyaux Linux de ses plate-formes Android et Chrome OS. Ainsi, la firme de Mountain View ne dispose pas seulement d'un remarquable atout-maître face aux systèmes propriétaires Windows (7, Mobile) et Apple (Mac OS, iPhone), elle forge une solide et silencieuse croissance organique pour ses deux OS en jouant d'emblée sur les effets réseau et, corrélativement, se prémunit quelque peu d'une avalanche de poursuites judiciaires pour violations de brevets dans le domaine hautement stratégique des systèmes d'exploitation. D'ores et déjà, la poussée d'Android a incité Nokia à modifier la licence de Symbian OS alors open source depuis 2009.


Plutôt qu'escompter un éclair de lucidité traversant les gestionnaires de la propriété intellectuelle dans les TIC, ne vaut-il pas mieux vaut compter sur l'incontournable obligation de profit animant leurs directeurs généraux ? Ainsi, la voracité des uns amoindrirait ou contrebalancerait la rapacité des autres et vice-versa, puis réconcilierait manu militari tout le monde avec l'innovation ouverte.



jeudi 11 mars 2010

Les ventes d'armes par l'infographie



Sur le podium des vendeurs : États-Unis, Russie, France. Sur le podium des acheteurs : Arabie Saoudite, Inde et Émirats Arabes Unis. Félicitations, Mesdames et Messieurs ?


Voir le graphique complet dans Awesome Good.