Une guitariste et une batteuse anglaises, une bassiste turque et une chanteuse française : cette seule
arithmétique vaut déjà largement le détour.
Au-delà d'un style girl power, Camille Berthommier
alias Jehnny Beth est à la fois une gueule électromagnétique et
une voix ample et tendue portée par un combo instrumental à faire
décoller un F-18 du porte-avions JFK.
Comment
ai-je pu rater cet album qui défraya la chronique rock indé en 2013
? Pourquoi cette redoutable faction a-t-elle échappé à mes radars ?
En 2011, Gemme Thompson, guitariste intermittente du duo indie John & Jen, décida de former son groupe et mit la main sur la bassiste turque Ayse Hassan, la batteuse Fay Milton imprégnée d'électro et de drum n'bass, et la chanteuse, parolière et comédienne Camille Berthommier exilée à Londres. Avant de brancher les amplis, elles prirent une décision ferme : ce sera Savages et rien d'autre.
Pas à pas, elles forgèrent leur style et leurs arrangements dans la galère enrichissante de la scène british. L'espace de quelques semaines, Savages flirta avec Geoff Barrow, commandant et guitariste du cultissime Portishead qui, malgré son savoir-faire, n'était guère le mentor adéquat. Le quator sauvage se sépara de cette légende du trip-hop afin de se rapprocher de John Best, producteur de l'islandais Sigür Ros et qui se qualifie lui-même de « cinquième membre du groupe ».
À l'écoute des incisives et implacables compositions de Silence Yourself, Savage révèle inlassablement ses influences qui vont de Siouxsee & The Banshees (OMG!) à Sonic Youth en passant par Joy Division et Wire, sans oublier la sauce gothique sur coulis Patti Smith.
Cheveux courts, talons aiguilles et fringues noires, léger accent frenchie, Jehnny Beth déverse ses textes bruts sur la jalousie, l'infidélité, la complexité sentimentale, l'épanouissement sexuel, l'économie, la guerre, etc etc etc. L'androgyne figure de proue n'est pas prête de vous donner son numéro de téléphone ni de vous confirmer sur Facebook...
En
guise de compensation, les ténébreuses amazones livrent de brutales et juteuses injections d'adrénaline qui n'attendent qu'une overdose. Gemma Thompson ne mâche
pas ses cordes : « It's music to break shit and fuck on
the floor too ! »
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