mardi 15 décembre 2015

Quand le paysage narratif devient un champ de bataille permanent

J'ai de plus en plus de mal à distinguer le bon grain de l'ivraie lorsque je regarde les chaînes TV, lis la presse et divers blogs, écoute les officiels gouvernementaux et les représentants des partis politiques, et discute sur les médias/réseaux sociaux a fortiori dans une ère où les actualités politiques et internationales réservent chaque jour une surprise. Récemment, une hasardeuse et saine lecture en bibliothèque a mis le doigt sur ce que je percevais et savais sur un mode plutôt nébuleux. 


« Le conflit mène à un désir de résolution qui se joue à travers « des actes, des participants et des événements ». Il faut percevoir le monde comme « un système d'histoires » à l'intérieur d'un « paysage narratif » [...] Le camp qui raconte les meilleures histoires et avec le plus d'agressivité, sans s'inquiéter de savoir si elles sont vérifiables, aura l'avantage sur celui qui tente méthodiquement de prouver un fait. [...] Il y a deux approches possibles de la guerre de l'information : la première reconnaît la primauté des objets dans le monde réel [...] la seconde, plus stratégique, fait passer l'information avant les objets. [...] La guerre du XXIème siècle est guidée par une nouvelle dimension cruciale : la conviction qu'il vaut mieux être l'auteur de la version victorieuse des faits qu'être à la tête de l'armée victorieuse. [...] Dans une guerre psychologique et de l'information, il n'y a pas de victoire claire, pas de drapeau à planter ou de frontière à redessiner, il n'y a que des jeux intellectuels sans fin dans la psychosphère, où la victoire pourrait bien être le contraire de ce qu'on avait cru d'abord. »

Ces lignes ont été rédigées le journaliste et producteur TV britannique Peter Pomerantsev pour la revue XXI (No 32, automne 2015).

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