Dans
la nuit du 7 avril 2017, une salve d’une soixantaine de missiles de
croisière Tomahawk - tirés par la marine américaine au large de la Méditerranée - a frappé la base aérienne syrienne de al-Sharyat,
dans la province de Homs. Il s’agit de la réponse américaine à
l’attaque au gaz survenue le 4 avril à Khan Cheikhoun, une
localité située de la région d’Idlib, et imputée par Washington
au régime syrien.
Syrie:
un rendez-vous déjà raté pour Moscou et Washington (Igor Delanoë,
EchoRadar / L'Opinion) : "Cette action semble
cependant avoir mis en évidence des lignes de fracture au sein du
Conseil national de sécurité. Qu’à cela ne tienne, Steve Bannon
– un des plus proches conseillers de Donald Trump – en a été
écarté quelques heures avant les frappes qu’il ne devait pas
approuver. Une décision très certainement saluée par le satisfecit
des détracteurs – et ils sont nombreux – de celui qui est
présenté comme l’éminence grise du président américain. A
travers ces bombardements, Donald Trump porte par ailleurs un coup
supplémentaire au legs de Barack Obama qui, en 2013, avait fait
marche arrière et refusé au dernier moment d’engager la force
contre le régime syrien qu’il avait accusé auparavant d’avoir
employé des armes chimiques [...] L’attaque américaine sert aussi
au président Trump à faire « passer la pilule » auprès de ses
contempteurs du double tournant récent qu’il a engagé au
Moyen-Orient : l’abandon officiel de l’objectif de changer le
régime à Damas et le renouveau des relations avec l’Egypte du
maréchal al-Sissi. Quelques jours avant l’attaque chimique, la
Maison Blanche avait fait savoir par son ambassadrice à l’ONU,
Nikki Haley, et son secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, qu’il
revenait au peuple syrien de décider du sort de Bachar al-Assad. Les
missiles Tomahawk n’ont fondamentalement pas remis en question ce
virage ; ils l’ont en fait entériné. [...] Les Etats-Unis ont
par ailleurs calibré leur action punitive afin qu’elle revête un
caractère déterminé sans pour autant qu’elle ne risque de
provoquer une escalade avec la Russie et qu’elle ne les entraîne
un peu plus dans le conflit syrien. Mise en difficulté par ses
opposants depuis son accession au pouvoir, l’administration Trump
pourrait en fait capitaliser sur ce « coup d’éclat » inattendu –
et sur la disgrâce qu’il a entraînée de Steve Bannon – et
notamment obtenir une plus grande marge de manœuvre dans ses
relations avec Moscou. Côté russe, le principal message à retenir
est celui que le nouvel occupant de la Maison Blanche semble plus
enclin à recourir à la force que son prédécesseur. En outre, si
de prime abord l’initiative américaine peut sembler embarrassante
pour le Kremlin, elle l’a néanmoins aidé à se sortir de la
situation délicate dans laquelle il s’est retrouvé suite à
l’attaque chimique du 4 avril qui l’a placé dans une situation
d’inconfort vis-à-vis de son allié syrien."