Saint-Cyrien et diplômé de l'US Army War College, le Général Vincent Desportes a été le directeur de l'Ecole de Guerre - Paris, est actuellement co-directeur de la collection « Stratégies & doctrines » (éditions Economica) et professeur de stratégie à Sciences Po et HEC. Peu après l'invasion miltaire de l'Ukraine par la Russie, il critique vertement le rôle et le statut de l'OTAN à l'antenne de C à Vous (France 5). Extraits.
"L'OTAN
a accru les tensions en Europe. L'OTAN est une administration dont le
premier but était de perdurer. Donc, on est allé s'inventer des
ennemis, en particulier en Afghanistan. Une institution veut
perdurer. L'OTAN est une administration avec des gens qui font
carrière.Les Allemands font carrière dans l'OTAN. Les Hollandais
font carrière dans l'OTAN. Il y a énormément de gens qui ont
intérêt à ce que l'OTAN perdure dans son être [...] Si l'OTAN
avait été dissoute comme nous l'avions promis aux autorités soviétiques à la chute du Mur (de Berlin), nous n'en serions
pas là."
"L'OTAN
est une menace car elle confie la sécurité de l'Europe aux
Etats-Unis, qui ont des intérêts de plus en plus divergents des
intérêts européens. Aujourd'hui, les pays européens ont désarmé,
dont l'Allemagne qui vient de faire marche arrière. Pourquoi ? Parce
que les Américains leur ont dit : « vous êtes protégés ».
La baisse des budgets européens de défense est due à l'illusion
que les Etats-Unis allaient protéger. Or, nous remarquons que les
Etats-Unis ont laissé tomber Tchang Kaï-Chek en 1949, leurs amis
viêtnamiens en 1975, leurs amis afghans, leurs amis irakiens... Ils
n'ont pas bombardé (Bachar El) Assad en 2013. Confier sa défense
ultime à quelqu'un dont la parole est historiquement non-fiable me
paraît absolument dangereux. [...] L'Amérique s'intéresse d'abord
à l'Asie. Le problème européen n'est pas son problème. Les
raisons pour lesquelles les Américains sont venus en 1917 et en 1943
n'existent plus. Nous [Européens] devons être prêts à assurer
notre défense [...] Le soldat Ryan ne reviendra plus jamais plus
mourir sur nos plages et Joe Biden l'a dit : « je
n'enverrais pas un soldat mourir pour l'Ukraine ».